Le vélo, outil historique des droits des femmes

une femme avec un vélo

Cette semaine dans la newsletter de Culot

Cette newsletter a 24h de retard… et c’est fait exprès ! D’une part, pour matcher avec la ligne d’arrivée du tout premier “Tour de France” féminin. Mais aussi, pour coller au jour de la sortie de l’épisode bonus Yesss x Culot, “warriors on the road : Moto ou vélo, toustes en selle !” L’épisode est à retrouver dès aujourd’hui sur toutes les plateformes d’écoutes. Pour un peu de contexte, voici, via le portrait d’une pionnière, ce que le deux-roues a apporté aux droits des femmes. 

Annie Londonderry, l’émancipation par la bicyclette

une femme avec un vélo
Annie Cohen Kopchovsky (1870–1947), mieux connue sous le nom Annie Londonderry, est la première femme à avoir réalisé un tour du monde en vélo. Nous sommes à la fin du XIXe siècle aux USA, les femmes n’ont pas encore le droit de vote et sont cantonnées au monde domestique. Sous les yeux fascinés du monde entier, Annie quitte temporairement ses trois enfants et son mari pour traverser les cinq continents avec son deux-roues. Portrait.

Par Marie-Alix Détrie, le 31/07/2022

NDLR : Par souci de cohérence avec le contexte historique du XIXe siècle, cet article est écrit de manière binaire “hommes / femmes”, mais le terme “femme” comprend toutes les minorités de genre

Boston, 1894. Encore vingt-six ans avant que les femmes n’obtiennent le droit de vote aux Etats Unis. Pourtant, cette année-là, une personne âgée de vingt-quatre ans est sur le point de devenir la première femme à faire un tour du monde en bicyclette.

Tout part d’un pari. Depuis la sortie du « Tour du monde en 80 jours » de Jules Verne en 1872, les défis de voyage sont monnaie courante. D’après la légende, deux riches financiers affirment qu’un tour du monde à vélo serait impossible à réaliser pour une personne du dit “sexe faible”. Ils en sont si convaincus qu’ils sont prêts à offrir 10 000 $, l’équivalent de plus de 270 000 € en 2022, à celle qui parviendrait à leur prouver le contraire. Parmi les personnes qui entendent cette offre, il y a Annie Cohen Kopchovsky.

Annie n’a rien de la candidate idéale. Elle mesure 1m60, pèse 45 kg, son nom de famille révèle ses origines juives dans un contexte profondément antisémite. Immigrante originaire de Riga en Lettonie, orpheline de ses deux parents, ses revenus très modestes servent à compléter ceux de son mari et à s’occuper de jeunes ses frères et sœurs, avec qui elle vit dans un quartier défavorisé de Boston. Elle est mariée et a trois enfants âgés de cinq, trois et deux ans. Détail non négligeable, elle manque aussi d’expérience : la première fois qu’elle a touché un vélo remonte à tout juste quelques jours en arrière. Pour les faire taire, mais aussi pour pouvoir assurer de meilleures conditions de vie à sa famille, Annie Cohen Kopchovsky relève le défi.

Partie en jupe, revenue en pantalon

Quand ils apprennent le profil improbable de la candidate, les deux riches « clubmen » ajoutent des règles pour corser encore l’affaire : boucler le voyage en moins de 15 mois et récolter 5 000 $ durant le voyage, soit, cinq fois le salaire annuel moyen d’un.e Américain.e de l’époque. Au moment du départ, un représentant des cycles Columbia, membre de la Ligue américaine des Wheelmen, lui remet un vélo. Elle met quelques habits et un revolver dans un sac et, le 25 juin 1894, aux alentours de 11 heure du matin, enfourche son vélo devant une foule de 500 personnes. Annie Kopchovsky est partie pour un tour du monde.

Maintenant que vous avez le contexte historique “un peu” sexiste du deux-roues, écoutez “Warriors on the road : Moto ou vélo, toustes en selle !”

 

Pour cet épisode hors-série estival en collaboration avec Yesss Podcast, on a eu envie de prendre l’air, de filer sur les routes cheveux au vent… à nous la liberté au guidon de nos motos ou de nos vélos !

On a tenté de semer le patriarcat en compagnie de nos deux invitées. Alice, organisatrice de “Femmes et moto”, le premier festival français de bikeuses, en mixité choisie, sans hommes cis. Et Alex, une cycloféministe (contraction de cycliste et féministe) qui porte un chouette projet, les Ecrew-vis. Cette association vise à rendre la mécanique et la réparation de vélos accessibles à toustes.

A tout de suite dans vos oreilles !

Étiquettes:

Laisser un commentaire