Cette semaine dans la newsletter de Culot
Vous nous avez demandé, sur Instagram, des bonnes nouvelles de la planète féministe. De Nantes au Bénin en passant par l’Écosse, on vous les livre dans cette revue de presse 🌎
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Revue de presse : les bonnes nouvelles du féminisme
Le militantisme peut être épuisant. Pour avancer, on reste focalisé.e.s sur ce qu’on veut obtenir, comme nouveaux droits, comme nouvelles normes. On a bien raison, car comme le dit Simone de Beauvoir, “N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.” Reste que parfois, ça fait aussi du bien, plutôt que de regarder le sommet de la montagne, de regarder en arrière pour voir un petit bout de chemin parcouru. De reprendre son souffle, pour reprendre la marche un peu plus sereinement. Cette newsletter, c’est ce petit moment de pause en rando, où on peut se dire merci, à soi, à ses adelphes, à ses prédécesseur.se.s. Des menstrues à Nantes aux Sorcières d’Écosse, attachez vos ceintures, on part en revue de presse des good news de la planète féministe.
1/ Nantes regarde les menstrues en face
On avait déjà vu ces initiatives dans des universités en France, en Écosse à l’échelle nationale, mais pas encore dans une ville en France : pour lever le tabou des règles et lutter contre la précarité menstruelle, la Ville de Nantes a lancé, le mois dernier, l’opération “Zéro Tabou”. “L’idée est d’équiper 30 équipements de la Ville, de distributeurs de protections périodiques. N’importe qui pourra pourra venir s’en servir si besoin. Pour nous demain les règles, c’est zéro tabou, zéro euro, zéro stress, zéro complexe”, déclare Mahaut Bertu, adjointe à la ville de Nantes en charge de l’égalité et la ville non sexiste, dans l’article publié à ce sujet sur le site de la Métropole de Nantes. “L’objectif, à terme, est qu’à quinze minutes autour d’elles, les femmes puissent trouver ce type de distributeur.” Pourquoi ? Pour s’en prendre à la précarité menstruelle, à savoir, un problème financier pour 1,5 million de personnes en France, qui ne peuvent s’acheter des protections périodique. Selon les Décodeurs du Monde, le coût des tampons, serviettes et autres liners* (*serviettes fines) avoisinerait les 100 à 150 euros par an – soit 10 euros pour chaque période de règles. Ce que ne peuvent se permettre de nombreuses personnes en situation de précarité, qu’iels soient SDF, étudiant.e.s, ou vivant en dessous du seuil de pauvreté. Trois types de protections sont disponibles : des tampons avec applicateurs, des tampons sans applicateurs, et des serviettes hygiéniques. Toutes sont en coton biologique et sans substances chimiques, ni parfum, ni colorant, par souci de santé publique. Par ailleurs, dans un souci de respect de l’environnement cette fois-ci, les protections proposées par la Ville de Nantes sont également biodégradables.
Nantes a un objectif assez modeste : devenir, dans dix ans, la première ville “non-sexiste” de France.
La mise en service de ces 30 distributeurs a coûté environ 45.000 euros à la ville. Selon les propos de l’adjointe publiés dans 20 minutes, cette « expérimentation » est prévue pour un an. Si le test « répond bel et bien aux besoins », un déploiement à « plus grande échelle » sera envisagé dans un second temps. « On étudiera alors la possibilité d’en positionner dans des lieux accessibles 24h/24, une rue ou des toilettes publiques, par exemple », précise-t-elle. Cette action s’imbrique dans un plan d’action global. En effet, depuis la réélection en 2020 de Johanna Rolland, mairesse PS de la ville, Nantes a un objectif assez modeste : devenir, dans dix ans, la première ville “non-sexiste” de France. Vu l’objectif immense et la vitesse globale sur les avancées, dix ans semblent un peu optimistes – rendez-vous en 2032 pour faire un point 😉 D’ici là, on apprécie ce genre d’actions. Ami.e.s nantais.e.s, la carte des protections est à retrouver ici !2/ Les policier.e.s de Strasbourg en formation 


Ce mois-ci, la police municipale de Strasbourg suit une formation sur la prévention des agressions sexuelles, sexistes et homophobes sur la voie publique. La Ville a proposé aux agents de la police municipale strasbourgeoise cette formation d’un jour, 22 agent.e.s l’ont suivie sur la base du volontariat. A terme, l’ensemble des effectifs, soit 157 policier.e.s, seront formé.e.s.
Cette formation s’inscrit dans le cadre d’un plan d’action “Droit des femmes et égalité de genre 2022-2024”, adopté le 31 janvier dernier par la ville de Strasbourg. La mise en place du dispositif a également été motivée par « la population étudiante qui avait massivement, à l’été 2020, témoigné de ces faits de harcèlement, que je préfère appeler violences sexuelles et sexistes de rue », explique, dans 20 Minutes, Christelle Wieder, adjointe à la maire chargée du droit des femmes.
Pour rappel, l’amende pour “outrage sexiste ou sexuel” est une infraction punie depuis 2018 d’une amende allant de 90 à 750 euros, pouvant atteindre les 1.500 euros en cas de circonstances aggravantes. Si l’idée n’était pas mauvaise, la mise en place met du temps. A Marseille, une formation des agent.e.s de police avait déjà eu lieu, avec peu de résultats : la préfecture des Bouches-du-Rhône indique en 2020 à 20 Minutes que 46 infractions seulement ont été relevées à Marseille en deux ans. A tel point que, titre Slate, en décembre 2020, “La création du délit d’outrage sexiste n’a pas changé grand-chose”.
“2 % des victimes d’injures sexistes et 5 % des victimes d’injures anti-LGBT portent plainte”
Sur le territoire national, le service des statistiques du ministère de l’Intérieur indique, selon un article de CheckNews (Libération), que 1 409 infractions pour «outrage sexiste» ont été enregistrées en 2020. Mais ce chiffre ne se traduit pas toujours par des harceleurs sanctionnés par des amendes. Dans cet article, on apprend également “que seulement 2 % des victimes d’injures sexistes et 5 % des victimes d’injures anti-LGBT portent plainte.” Si les chiffres restent très bas depuis la mise en place de cette loi, d’après cette même source, la tendance du nombre d’infractions mensuelles ne fait que monter. Si davantage de policier.e.s municipaux sont formé.e.s à ces questions, on espère une montée en flèche du nombre de cas pris en charge, n’est-ce pas ?3/ En France, l’orientation sexuelle n’est plus un critère pour donner son sang
Ça paraît évident dit comme ça, mais ça ne l’était pas. Après des années d’interdiction, suivies d’une limitation très stricte, le don du sang en France est désormais ouvert aux personnes homosexuel.le.s sans conditions.
Dès 1983 et l’apparition du VIH/Sida, une distinction entre les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (“HSH”) et les personnes hétérosexuel.le.s, a été mise en place par la Direction Générale de la Santé. On demandait alors aux personnes considérées “à risques”, notamment les personnes “HSH” et les toxicomanes, de ne pas donner leur sang.
En 2016, cette interdiction est devenue une autorisation strictement limitée : il fallait un an d’abstinence avant qu’un homme homosexuel ou bisexuel ne soit autorisé à donner son sang. En 2019, cette période était réduite à 4 mois.
Il demeure tout de même certains comportements considérés comme “à risques”, parmi lesquels avoir eu plusieurs partenaires les 4 derniers mois avant le don (hétéro ou homo), avoir une maladie chronique, fait un tatouage les mois précédents, eu le Covid récemment ou voyagé dans certains pays. Pour savoir si vous êtes un.e donneur.se potentiel.le, testez-vous sur le site de l’EFS.

4/ Des excuses aux sorcières d’Écosse 
“En ma qualité de Première ministre et au nom du gouvernement écossais, je reconnais cette scandaleuse injustice historique et formule des excuses officielles à titre posthume à toutes les personnes accusées, condamnées, calomniées ou exécutées en vertu de la loi de 1563 sur la sorcellerie.” Le 8 mars dernier, la Première ministre Écossaise Nicola Sturgeon adresse ainsi les accusations, les persécutions et les exécutions de personnes accusées de sorcellerie entre le XVIe et le XVIIIe siècle.
Elle cite un nombre de victimes aux alentours de 4 000 personnes entre 1563 et 1736, majoritairement des femmes, accusé.e.s de sorcellerie par le “Witchcraft Act”. Le nombre de personnes exécutées pour ce motif, selon les estimations de l’université d’Édimbourg, s’élèverait à 2 500. La Première Ministre pointe du doigt “une injustice immense, motivée en partie par la misogynie dans son sens littéral, la haine des femmes”.
Comme l’explique la BBC, des chasses aux sorcières “ont eu lieu dans de nombreux pays européens, mais le taux d’exécution en Écosse était cinq fois plus élevé qu’ailleurs sur le continent”. Ces excuses officielles arrivent deux ans après une pétition lancée par “Witches of Scotland”, “Sorcières d’Écosse”, qui avaient lancé une pétition pour obtenir la reconnaissance de ces victimes. A présent, cette organisation réclame également l’érection d’un monument national en mémoire des “sorcières”. Pour les curieux.se.s, cette carte référence les victimes – et redonne vie à leurs noms.
5/ Mariam Chabi Talata, première Première Ministre du Bénin
“Certain.e.s disent que l’avortement est un crime. Mais quand la loi n’autorise pas l’avortement, c’est un double crime, parfois un triple crime”. Au Bénin, le combat de Mariam Chabi Talata, Première Ministre, est la légalisation de l’avortement et l’éducation des jeunes filles.
C’est la première fois dans l’histoire de ce pays qu’une femme occupe le poste de Vice Présidente de l’État. Cette ancienne institutrice et inspectrice des écoles est une des quelques femmes qui occupent des hauts postes en politique en Afrique Subsaharienne, et qui amènent, avec leurs mandats, des mesures plus axées sur les droits des femmes. Elle est élue en 2021, quand Patrice Talon est réélu comme Président.
Mais son pays, rappelle-t-elle, a une riche histoire de femmes puissantes. Elle met par exemple souvent en avant l’histoire des origines du Bénin, en tant que “Royaume de Dahomey”, qui avait alors son armée d’Amazones, “une armée essentiellement composée de femmes qui allaient au combat.” Dans la rédac, on a vraiment hâte de voir ce qui va découler de son mandat.
6/ Vers un monde plus queer 
Direction : les USA. Ici, si seulement 2,6% des baby-boomers, génération née entre 1946 et 1964, se définissent comme LGBTQI+ (lesbienne, gay, bisexuel.le ou trans). C’est par ailleurs le cas de plus de 20% de la génération Z, née entre 1997 et 2010. Ce qui donne une moyenne, chez la proportion d’adultes américain.e.s, de 7,1%. A savoir, le double du chiffre de 2012, qui était de 3,5%.
Cela reflèterait un “shift générationnel” d’après l’institut de sondage Gallup, qui a publié ces données jeudi 17 février. Car les statistiques, en fonction des générations, parlent d’elles-mêmes :
Personnes né.e.s avant 1946 : 0,8 %
Baby-boomers (1946-1964) : 2,6 %
Génération X (1965-1980) : 4,2%
Millennials (1981-1996) : 10,5 %
Gen Z (1997-2010) : 20,8%
Alors, y’a rien, là ?
Nos Recos
- PODCAST : «Président.iel» : le podcast invite les aspirant.e.s à l’Élysée à s’exprimer sur les mesures qu’iels souhaitent mettre en place pour les personnes LGBTI
- MUSIQUE : “Incha’allah” de Lalla Rami, rappeuse marocaine, trans, immigrée en France, qui a un flow incroyable. Et écoutez ses paroles, c’est juste 💘 D’ailleurs, cet article de Tal Madesta à son sujet est magnifique.
- NEWSLETTER : “Plan Cash” par Léa Lejeune, la première newsletter féministe qui parle d’argent. Si tu veux arriver à mettre de côté, ou même à investir alors que tu n’as pas un rond, cette newsletter est pour toi !
- PROJET : alors que la Femtech commence à exploser au niveau des investisseur.se.s, zoom sur “la Chaudasse”, la première banane chauffante qui soulage les douleurs menstruelles en mouvement
- VIDÉO qui nous a mis les larmes aux yeux : cette archive de l’INA de 1983. Trois vieilles dames racontent leur mariage. Entre viols, soumission économique à leur mari et grossesses multiples, désirées ou non-désirées, elles montrent que le mariage n’était pas “mieux avant”